La Mode au septième art

Le costume au cinéma.


Le costume est au coeur de la construction du film. Au-delà des contingences de lieu et d’époque, le costume est essentiel quelle que soit l’oeuvre. Le vêtement a pour fonction de contribuer à la définition d’une identité. C’est un des outils cinématographiques qui permet de traduire les états d’âme des personnages.
La façon de se vêtir est une façon d’être : en adhésion ou en rejet des normes sociales. On s’habille non seulement pour avoir une apparence en adéquation à sa personnalité mais aussi par rapport aux autres. L’allure et ses codes sociaux contribuent à la définition d’un personnage. Dans le film 8 Femmes, par exemple, François Ozon joue, en forçant les traits sur cette relation. Catherine Deneuve, en femme mûre, Isabelle Huppert en fille austère, Virginie Ledoyen en jeune fille légère, Fanny Ardant en femme fatale...

Huit Femmes, François Ozon.



Fanny Ardant

Dans certaines oeuvres, une attention particulière est portée à la cohérence visuelle et à l’esthétique des réalisateurs. Les costumes créés par Yohji Yamamoto pour le film de Takeshi Kitano Dolls entraient, par exemple, complètement dans l’univers du cinéaste Japonais. C’était aussi une façon pour Yohji Yamamoto de renouer avec ses racines japonaises. La vision minimale et rigoriste de Yamamoto s’est adaptée de façon extraordinaire aux héros vagabonds de Dolls.

 
Miho Kanno et Hidetoshi Nishijima
La froideur et le chic d’une Marlène Dietrich venaient de son goût unique pour choisir la bonne silhouette au bon moment. L’élégance romantique d’Audrey Hepburn venait de sa proximité avec le couturier Hubert de Givenchy. Ces figures emblématiques du septième art étaient aussi des symboles d’une féminité intemporelle. Les relations entre les deux milieux peuvent résulter de la collaboration d’un cinéaste et d’un créateur de mode: Jean-Paul Gaultier a, par exemple, collaboré avec Pedro Almodovar de façon régulière (la robe de Victoria Abril dans Kika ou la robe de Gael Garcia Bernal travesti dans La Mauvaise Education) ou avec Luc Besson sur le projet Le Cinquième Element... L’univers de Pedro Almodovar ne serait pas aussi fort s’il n’avait pas fait ces choix de costumes. Avec ses personnages underground et excentriques, il fallait de l’extravagance.


Victoria Abril, Kika.

Le monde impitoyable de la mode peut être dépeint par les cinéastes.
Les univers cinématographiques peuvent aussi inspirer la mode: les héroïnes Hitchcockiennes ont servi de modèles à la collection Alexander McQueen, les films noir et blanc des années 30 plantent des atmosphères chics et raffinées, alors que les comédies musicales des années 60 évoquent les rêves poétiques, utopiques et psychédéliques.
Alexander McQueen, Collection 2006.
 
Les actrices sont les héroïnes des sociétés modernes. Leurs vies sont vécues par des millions d’admirateurs à travers le monde. Un principe d’identification profond de toutes les sociétés à des héros réels ou imaginaires. Les stars sont des mythes, elles doivent en assumer le statut.. Brigitte Bardot n’est pas devenue, dans les années 60, une icône pour ses prestations cinématographiques mais B.B. incarnait une nouvelle façon d’être pour les femmes. Elle collait parfaitement à son époque. Aussi, on peut dire que ce sont plus les raisons de porter une robe légère que la robe portée par B.B. en tant que telle qui explique la mode de la robe à carreaux Vichy.




Le cinéma, comme la mode, est un miroir du monde. Il accompagne les grands phénomènes sociaux, éclaire sur les rapports humains et s’en alimente aussi. C’est un domaine d’émotions qui dépeint des façons de vivre.
C’est le dialogue entre créateurs qui permet certains résultats spectaculaires comme entre Almodovar et Jean-Paul Gaultier ou entre Yohji Yamamoto et Takeshi Kitano. Ce sont ces parti-pris qui marquent l’histoire esthétique du cinéma.

Aude

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